Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne
Tome IX<

NICOLE, OU LE LUTIN DE LA MER

 

 

Le lutin spécial à la mer, et qui se plaît à jouer toutes sortes de tours aux pêcheurs, c'est Nicole, lutin spécial à la baie de Saint-Brieuc et à celle de Saint-Malo, lutin très-moderne, puisque son apparition ne date que des premières années de la Restauration. Le Magasin pittoresque de 1835, dans une curieuse notice dont voici des extraits, donne même la date de 1823:

Il n'était plus possible de pècher en sécurìté, Nicole traversait ou brouillait les filets; quelquefois il les tirait si fortement qu'il les aurait enlevés, et force était de les amarrer aux bancs de la chaloupe, en attendant qu'ìl plùt à Nicole de porter sur quelque autre objet son humeur batifolante.
Souvent il sautait au milieu des petits poissons que le fìlet ramassait, et faisait des trouées dans les mailles. Il s'amusait aussi à soulever les ancres des bateaux à hultres, pendant que les matelots étaient dans des embarcations légères à draguer sur les bancs; ils n'avaient que le temps d'accourir pour rattraper le bateau en dérive. Souvent aussi Nicole s'en prenait à la drague et l'embrouillait dans le filet.

A Saint-Cast, Nicole a conduit l'un après l'autre, du port dans la rade, quatre à cinq bateaux dont les maitres étaient absents.

Quand les embarcations étaient trop fortes pour qu'il pût les entrainer, il saisissait le cable de la bouée et l'entortillait dans le câble de l'ancre.

Il parait qu'on l'avait surnommé Nicole, du nom d'un officier qui, pendant la guerre, commandait une péniche armée, et s'était montré envers les pêcheurs d'une grande sévérité.
Les marins, un peu rancuneux, disaient plaisamment que c'étaìt Nicole, devenu poisson, qui s'amusait encore à les venir tourmenter.
On n'a pu ni le prendre ni le tuer; cependant il ne s'effrayait pas facilement.
On croit avoir reconnu que c'était un gros marsouin; mais il n'accostait point les autres et allait toujours seul. Au bout de trois mois et demi, il dìsparut, sans qu'on l'ait jamais revu depuis ni ailleurs.

D'après M. Habasque, qui retrouva des souvenirs de Nicole à Erquy, son séjour sur ces còtes aurait duré trois ans.

"Il mèlait, lui raconta un ancien matelot, les lignes, enlevait les grelins, faisait dériver les bateaux, s'attachait à l'un plutòt qu'à l'autre, et ne faisait aucun cas des balles, parce qu'il était invulnérable. Heureusement, enfin, il s'attacha à un navire de Terre-Neuve, et oncques depuis on ne l'a revu. Notre conducteur nous fìt, à l'accasion de Nicole, toutes sortes de contes plus amusants les uns que les autres, et il nous entretint de l'homme de mer, que tous ont toujours vu, escepté celui qui vous raconte l'hìstoìre"

J'ai maìntes fois, sur plusieurs points du lit· toral, trouvé des pècheurs qui avaient vu Nicole. A Saint-Briac, un capitaìne au long cours m'a assuré qu'il étaìt à sa connaissance que Nicole avait fait des noeuds comme seuls les marins expérìmentés peuvent les faire, et que plusieurs fois il s'était amusé à changer les ancres des bateaux, mettant à un navire le grappin d'un canot de pèche, et réciproquement.
On prétend d'ailleurs qu'il avait des mains.

Voici les diverses déposìtìons que j'ai recueillies à Saint-Cast au sujet de Nicole:

Nicole a apparu pour la première fois un jour de la fète de l'Ascension, que des pècheurs de Saint-Cast étaient allés, malgré la défense du recteur, lever leurs rets sur le banc de la Horaine.

Le poisson se levait sur l'eau et jetait le feu à goulées.
Depuis, il joua maints tours aux pècheurs, et chaque fois qu'il était parvenu à les faire endèver, on l'entendait s'esclaffer de rìre auprès du bateau.

Un jour il conduisit assez loin la barque d'un pêcheur dont il avait fait tomber à l'eau les avirons, de sorte qu'il ne pouvait gouverner.
Quand le pêcheur se vit loin, il dit:
- Nicole, c'est toi qui m'as enlevé mes avirons et amené ici; tu vas me ramener au port.

Nicole, qui probablement était en bonne humeur, ramena le bateau jusqu'au port.
(Conté en 1879 par Rose Piron, de Saint-Cast.)

Nicole prenait l'amarre de la patache et sautait haut comme les mâts sur la mer.
Il s'en est allé avec un navire.

Nicole venait chercher Faruel et Ménard, et les menait jusqu'à la Fresnaye.
(Conté en 1879 par Scolastique Durand, de Plévenon.)

Nicole ne faisait pas grand mal à l'époque de la pèche aux maquereaux.
Un jour, le père de Marie Durand allait à la drague. Étant en colère, il s'écria:
- Viens donc, sacré Nicole!
Aussitôt Nicole frappa l'eau avec sa queue et jeta à bord du bateau cinq ou six seaux d'eau pour le moins.


Un jour on était à bénìr un des bateaux de la Fresnaye. Nicole le prit par son amarre et le mena jusqu'à la Corbière. Le prètre qui était à bord jeta de l'eau bénite à Nicole, et le conjura, et depuis on ne l'a plus revu.
(Conté par Marie Durand, de Saint-Cast. On pensait que c'etait l'âme d'un garde-peche tres severe)

 

 

 

Paul Sebillot
1882

 

 


Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne
Tome IX

NICOLA
O il folletto marino

 

 

Un folletto speciale in mare, e che si diverte a fare ogni sorta di scherzi ai pescatori, è Nicola, un folletto speciale nella baia di Saint-Brieuc e quella di Saint-Malo, un folletto molto attuale, poiché la sua apparizione risale solo ai primi anni della Restaurazione. I
l Magasin Pittoresque del 1835, in una curiosa nota di cui ecco alcuni stralci, dà addirittura la data del 1823:


Non era più possibile pescare in sicurezza, Nicola incrociava o rimescolava le reti; a volte li tirava così forte che li avrebbe portati via, e bisognava ormeggiarli ai traversini della lancia, aspettando che Nicole trasferisse il suo umore giocoso su qualche altro oggetto.
Spesso saltava in mezzo ai pesciolini prigionieri delle reti e bucava le maglie.
Si divertiva anche ad alzare le ancore delle ostriche, mentre i marinai erano su barche leggere a dragare sulle rive, obbligandoli a correre appena in tempo a raggiungere le barche alla deriva. Spesso, inoltre, Nicola attaccava alla draga e la impigliava nella rete.

A Saint-Cast, Nicole conduceva una dopo l'altra, dal porto alla rada, quattro o cinque barche quando i comandanti erano assenti.
Quando le barche richiedevano troppa forza per trascinarle, afferrava il cavo della boa e la attorcigliava nel cavo dell'ancora.

"Pare che fosse stato soprannominato Nicola, da un ufficiale che, durante la guerra, comandava una chiatta armata, e si era mostrato molto severo verso i pescatori.
I marinai, un po' risentiti, dissero scherzando che era Nicola, che era diventato un pesce, che si divertiva ancora a venire a tormentarli. Non potevano né prenderlo né ucciderlo; tuttavia, non si spaventava facilmente.
Si crede che abbiano riconosciuto si trattasse di una grossa foca; ma non si accostava mai agli altri e andava sempre da solo. Dopo tre mesi e mezzo, sparì, senza che nessuno l'abbia mai più visto dopo o in altri luoghi".


Secondo il signor Habasque, che ha trovato ricordi di Nicola a Erquy, la sua permanenza su queste coste sarebbe durata tre anni.
"Ha mescolato, gli disse un ex marinaio, le lenze, ha tirato fuori gli ami, ha portato alla deriva le barche, si è attaccato all'una piuttosto che all'altra e non ha prestato attenzione ai proiettili, perché era invulnerabile. Fortunatamente, alla fine, si attaccò a una nave di Terranova, e da allora non lo si è più visto. Il nostro capitano ci ha raccontato, a proposito di Nicole, ogni sorta di storie, una più divertente dell'altra, e ci ha raccontato dell'uomo marino, che tutti hanno sempre visto, tranne colui che vi sta raccontando la storia"

Molte volte, in diversi punti della costa, ho trovato pescatori che avevano visto Nicola.
A Saint-Briac, un capitano di mare mi assicurò che sapeva che Nicola aveva fatto i nodi come solo i marinai esperti sanno fare, e che più volte si era divertito a cambiare le ancore delle barche, ad agganciare un peschereccio a un nave, e viceversa.
Si sostiene anche che avesse le mani.

Ecco le varie deposizioni che ho ricevuto a Saint-Cast su Nicola:


- Nicola apparve per la prima volta un giorno della festa dell'Ascensione, quando i pescatori di Saint-Cast erano andati, malgrado il divieto del responsabile,  la difesa del rettore, a issare le loro reti sul banco di Horaine. Il pesce si alzò dall'acqua e lanciò il fuoco dalla gola. Da allora ha fatto molti scherzi ai pescatori e ogni volta che riusciva a farli fermare lo si sentiva sghignazzare dalle risate vicino alla barca.

Un giorno guidò abbastanza lontano la barca di un pescatore, ai cui aveva fatto cadere i remi in acqua, in modo che non potesse governare.
Quando il pescatore si vide lontano, disse:
- Nicola, sei stato tu a farmi cadere i remi e portarmi qui; ora mi riporterai al porto.
Nicola, che probabilmente era di buon umore, riportò la barca in porto.
(Raccontato nel 1879 da Rose Piron, di Saint-Cast.)


Nicola prese la cima di ormeggio dell'imbarcazione e saltò in alto come i pennoni sul mare.
Se ne andò con una nave.


Nicola è venuto a prendere Faruel e Ménard e li ha portati a La Fresnaye.
(Raccontato nel 1879 da Scolastique Durand, da Plévenon.)


Nicola non ha fatto molto male ai tempi della pesca dello sgombro.

Un giorno, il padre di Marie Durand andò in crociera. Arrabbiato, esclamò:
- Andiamo, sacro Nicola!
Immediatamente Nicola colpì l'acqua con la coda e gettò a bordo della barca almeno cinque o sei secchi d'acqua.


Un giorno dovevamo benedire una delle barche di La Fresnaye. Nicola la raccolse per la cima dell'ormeggio e la condusse a La Corbière. Il prete che era a bordo ha gettato l'acqua santa su Nicola e lo ha evocato, e da allora non è stato più visto.

 

 

Paul Sebillot
1882

 

www.colapisci.it